HYDROPHYTES

HYDROPHYTES
HYDROPHYTES

HYDROPHYTES ou HYGROPHYTES

On appelle hygrophytes ou hygrophiles les plantes qui vivent dans des habitats fortement humides, ou même mouillés (fossés, marécages, étangs, lacs, rivières, etc.). Les caractéristiques du milieu aquatique sont suffisamment marquées pour modifier profondément la morphologie et la biologie des hygrophytes: densité très élevée par rapport à l’air, d’où une poussée archimédienne qui soutient les objets immergés; température variant moins, et plus lentement; éclairement plus faible qu’en surface — environ 5 fois à un mètre de profondeur — et composition spectrale de la lumière modifiée par l’absorption inégale des diverses radiations: dans l’ordre, infrarouge dès le premier millimètre d’eau, puis rouge, puis orangé, jaune, vert, etc.; approvisionnement difficile en oxygène, dont la teneur est de 21 p. 100 dans l’air et 0,5 à 0,8 p. 100 dans l’eau; apport en gaz carbonique freiné par sa lente diffusion dans l’eau, mais un peu facilité par sa teneur souvent légèrement plus forte dans l’eau et surtout par la présence de carbonates en solution; enfin, disponibilité de sels minéraux dissous dans l’eau. On peut observer les espèces végétales classées comme hygrophytes pour en déduire les caractères liés au milieu aquatique, mais, dans ce but, la méthode la plus rigoureuse consiste à expérimenter sur les hygrophytes amphibies (c’est-à-dire capables de pousser entièrement dans l’air ou entièrement dans l’eau) et à comparer les individus issus de lignées sélectionnées et semées sur le même sol baigné par l’un ou l’autre de ces deux milieux. La morphologie des hygrophytes se caractérise par des racines très réduites et peu ramifiées, par des tiges et pétioles longs et grêles, par des feuilles de grande surface, minces et de forme soit ronde (feuilles flottantes des nénuphars et nymphéas, des hydrocharis, du Victoria regia des eaux équatoriales; parfois ce sont les pétioles renflés et pleins d’air qui donnent la flottabilité, cas de la jacinthe d’eau), soit fortement divisée et réduite aux nervures (myriophylle), soit rubanée (feuilles immergées de la vallisnérie). La consistance des hygrophytes est assez molle (elles s’affaissent quand on les sort de l’eau). Fait remarquable: quand une même plante pousse successivement dans l’eau et dans l’air, la forme des feuilles change brusquement avec le milieu, rubanée (sagittaire) ou découpée (limnophylle) sous l’eau, ronde pour les feuilles flottantes et entière dans l’air. Quant aux caractères anatomiques des hygrophytes, on y trouve des épidermes non poilus, à cuticule mince et peu ou pas cutinisée, des stomates rares ou malformés ou absents, peu de lenticelles (peu subérifiées), de grands méats et lacunes aérifères (portant le volume gazeux interne jusqu’à près des trois quarts du volume total, contre quelque 2 ou 3 p. 100 chez les plantes aériennes), des cellules aux parois minces ainsi que des tissus de soutien peu abondants, moins de tissus conducteurs (vaisseaux et tubes criblés). Chacun de ces caractères peut être mis en relation logique avec un facteur du milieu aquatique; par exemple, les racines peuvent être réduites puisque les sels minéraux dissous dans l’eau peuvent être absorbés par toute la surface épidermique (la cutine imperméabilise la cuticule des plantes aériennes); ou bien, le vaste volume des lacunes permet de stocker le gaz carbonique de la respiration la nuit et d’en disposer le jour pour la photosynthèse et, inversement, le jour, d’accumuler l’oxygène de la photosynthèse, repris la nuit par la respiration, mécanisme remarquable pour son économie de matière et d’énergie.

Des adaptations encore plus marquées au milieu aquatique existent. La multiplication végétative est très efficace: souvent, de petites boutures spontanées peuvent propager les espèces dans les eaux (hydrochorie). Les floraisons sont souvent rares, les fleurs réduites. On observe des modes de pollinisation très particuliers: chez la châtaigne d’eau (Trapa ), au moment de la floraison, les longs et fins pétioles se gonflent en flotteurs pleins d’air qui élèvent en surface les rosettes de feuilles, d’où émergent les fleurs; après la fécondation, les flotteurs s’alourdissent, la plante redescend sous l’eau où elle mûrit ses fruits. La vallisnérie, dioïque, développe ses fleurs au fond de l’eau; à maturité, les fleurs mâles se détachent et montent en surface, à la rencontre des fleurs femelles qui, elles, y ont été amenées par déroulement de leurs pédoncules hélicoïdaux, lesquels s’enroulent à nouveau comme des ressorts rappelant les fleurs fécondées sous l’eau. D’autre part, les hygrophytes peuvent être annuelles (climat sans saison défavorable, ou hiver franchi grâce aux graines résistantes enfouies sous l’eau ou dans la vase). Elles sont souvent vivaces, se rattachant, dans la classification de Raunkiaer des plantes vivaces ou non, au groupe des cryptophytes, catégorie biologique dans laquelle les bourgeons passent l’hiver enfouis à l’abri du gel, soit qu’il s’agisse de bourgeons dormants qui se détachent («hibernacles» ou «turions» des utriculaires, potamots, élodées, etc.), soit qu’il s’agisse des bourgeons protégés des rhizomes (sagittaire, alismas, et nénuphars faciles à multiplier par éclats de souches), vivant enracinés dans la vase. S’il a été surtout question ici des hygrophytes d’eau douce, il convient de savoir que même des plantes à fleurs vivent dans les eaux marines: les posidonies et les zostères forment des prairies sous-marines.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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